On savait les organisations patronales Syntec et Cinov promptes à célébrer en toute occasion le modèle anglo-saxon. Cette année, elles n’ont pas hésité à transformer la dernière négociation sur les minima salariaux en séance d’horreur, aux dépens des salariés.
Une grille des minima salariaux déguisée
La scène s’est déroulée le 31 octobre dernier en commission paritaire sur la grille employés, techniciens et agents de maîtrise (ETAM) des minima conventionnels. Si Syntec et Cinov proposaient une augmentation de 3% sur les quatre premiers coefficients, et 2% pour les autres, elle a en réalité affiché des chiffres en valeurs absolues qui reflétaient une augmentation de 3% sur l’ensemble de la grille ETAM. Peu imprégnée de la culture anglo-saxonne, FO s’est montrée intéressée par une proposition, bien que minimale après un peu plus de deux années sans revalorisation (juillet 2017). Las ! Lorsque l’organisation patronale s’est aperçue de l’effet produit par sa proposition, elle a invoqué l’erreur matérielle.
Cette mésaventure nous rappelle utilement, dans la branche BETIC – branche des « métiers de l’intelligence productive » (dixit Syntec) – que derrière tout logiciel il y a un cerveau, et que le temps de vérification n’est jamais du temps perdu. Par ailleurs, l’adoption de la grille proposée par FO en septembre aurait permis, certes des minima plus élevés, mais qui auraient permis un accord sans vice…
Une augmentation ou un sort ?
Face à une proposition patronale empreinte de fantaisie, l’accord n’a pas été mis à la signature. Syntec et Cinov n’ont pas souhaité ouvrir à la signature un accord portant une augmentation des minima à 3%, et est revenu à sa proposition de septembre : 3% sur les quatre premiers coefficients, les deux premiers étant fusionnés, et 2% pour les autres positions ETAM.
Pour les cadres aussi, cela fait peur : 1,8% pour les positions 1 (coefficients 1.1 & 1.2), 1,5% pour les positions 2 (coefficients 2.1, 2.2 & 2.3) et 0,5% pour les positions 3 (coefficients 3.1, 3.2 & 3.3). A comparer avec l’inflation moyenne de plus de 3% depuis la précédente revalorisation des minima.
Les organisations syndicales de salariés ont indiqué vouloir attendre de connaître la proposition finale et ferme. Il n’est pas exclu qu’après le jour d’Halloween, Syntec et Cinov reviennent déguisées en sorcières…
Le suspense est garanti afin de connaître quelle sera la proposition finale et si des organisations syndicales pourraient s’engager à parapher un accord révisant à la baisse une précédente proposition patronale… au détriment des salariés de la branche, mais permettant aux deux organisations patronales de se mettre en règle vis-à-vis du ministère en faisant repasser les deux premières positions ETAM au-dessus du SMIC.
Nous vous tiendrons informé(e)s de la proposition finale sur les rémunérations minimales, ainsi que de la position de FO.
Paris, le 7 novembre 2019